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15.3.2017
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Le Reverse Mentoring, un levier simple et performant de la transformation digitale
Le Reverse Mentoring, un levier simple et performant de la transformation digitale
Anais Dumont
Note : Ce contenu a été créé avant que Fabernovel ne fasse partie du groupe EY, le 5 juillet 2022.

Dans la mythologie grecque, Mentor était le précepteur du fils d’Ulysse, Télémaque, un conseiller expérimenté, sage, âgé pour un apprentissage…classique.

En 2017, le Reverse Mentoring bouleverse la donne.

Innovant et connecté, comme les digital natives qu’il met à contribution, le Reverse Mentoring est un apprentissage intergénérationnel en entreprise, simple et efficace. Un dirigeant expérimenté est coaché par un jeune collaborateur sur des sujets aussi vastes et intimidants pour les baby-boomers que la maîtrise des réseaux sociaux ou le big data. L’outil idéal pour rapprocher les générations par le numérique, plutôt que de les éloigner. Il convient aujourd’hui de sortir du clivage digital générationnel, et saisir l’opportunité de transformer les cadres dirigeants expérimentés en silver surfers animés par l’envie de découvrir et d’approfondir l’usage du numérique. La preuve en est que la part des plus de 55 ans dans les utilisateurs de Facebook a augmenté de 80% entre 2011 et 2014_ (1)_.

Pour Fabernovel, le Reverse Mentoring c’est tout d’abord le levier de transformation numérique le plus simple à mettre en place et le plus largement bénéfique à l’ensemble de l’entreprise.

Les exemples de programmes à succès ne manquent pas. Orange, Danone, IBM, SNCF ou General Electrics qui a popularisé cette démarche dans les années 90, pour n’en citer que quelques-uns.

C’est chez Bel que nous avons mis en place nos premiers programmes de Reverse Mentoring internes. Et c’est chez Pierre Fabre ainsi que Jaeger LeCoultre que nous avons proposé les Digital Compagnons ; un coaching par des Change Makers de Fabernovel, pour un Reverse Mentoring externalisé.

Les Digital Compagnons m’ont permis d’échanger sur des sujets passionnants (réseaux sociaux, méthodes de travail, big data) avec des cadres dirigeants d’horizons très différents. J’ai ainsi pu, dans un cadre privilégié, comprendre les problématiques de leurs métiers et secteurs d’activité

François Truong, Senior Change Maker et Digital Compagnon Pierre Fabre

Plus globalement, en tant qu’équipe spécialisée dans l’acculturation aux enjeux du numérique de moyenne d’âge à 28 ans, le Reverse Mentoring fait partie de notre identité.

Puisqu’il s’agit avant tout de proposer une manière innovante d’apprendre le numérique, nous travaillons à rendre nos ateliers aussi disruptifs que les sujets que nous traitons. Ici, différents jeux de cartes que nous utilisons dans les ateliers Orange Lab, Bel Reverse Mentoring ou Digital Banking Community BNP Paribas.

Pour Fabernovel, le Reverse Mentoring c’est ensuite la conviction que l’apprentissage passe par une expérience ludique et inspirante.

Aussi simple le Reverse Mentoring soit-il, quelques précautions sont à prendre pour s’assurer du succès de son programme.

1. Une préparation minutieuse

Le contenu du programme doit être pertinent et adapté à son public comme à ses ambassadeurs. La clé du succès réside dans l’assurance que les coachs sont eux-mêmes briefés et formés, à l’aise sur les sujets traités et à même de répondre à toute question, pour une expérience homogène des mentorés. Notre guide du Mentor édité pour le Reverse Mentoring de Bel reprend les 10 commandements à suivre pour devenir un bon formateur : “Un échange, tu établiras”, “L’actualité, tu surveilleras” ou encore “Le jargon, tu expliqueras”.

Pour institutionnaliser le programme et par souci de valorisation des jeunes formateurs, nous recommandons également d’organiser une rencontre au préalable des sessions de mentoring. Chez Bel ceci s’est traduit par une soirée de lancement lors de laquelle les binômes ont pu se rencontrer de manière informelle.

2. Un espace d'un espace d'échange privilégié

Bienveillance, curiosité et empathie sont les maîtres mots d’un programme de Reverse Mentoring réussi.

L’objectif est de créer une relation de confiance, un cadre propice à l’apprentissage. Pour cela, nos programmes s’inscrivent dans la durée, en un minimum de 5 sessions. Chaque mentoré doit être suivi par un seul et même coach pour instaurer ce lien favorable à l’apprentissage.

Le double bénéfice de cette démarche est évident : le mentoré a enfin l’opportunité de poser des questions qu’il n’osait plus poser, de (re)découvrir une génération qu’il affecte de ses décisions sans pourtant la connaître. Il obtient alors des informations de première main, loin du jargon impersonnel qu’il aurait pu trouver derrière un écran.

Pour le jeune formateur, le bénéfice est peut-être moins évident mais il est pourtant majeur : se sentir immédiatement utile, valorisé et ancré dans l’entreprise à l’heure où le rapport entre les millenials - la génération née entre 1980 et 2000 - et le monde du travail est en plein chamboulement.

Un environnement propice – agilité, curiosité et appétence pour la nouveauté de l’ensemble de l’entreprise - est nécessaire à la démultiplication de ces bénéfices. Les cas d’échec de mise en place de Reverse Mentoring - comme l’assureur Generali France en 2014 (2) - témoignaient d’un contexte inadapté : peu de temps consacré conduisant à des annulations de rendez-vous, pas d’accès aux réseaux sociaux dans l’entreprise, etc.

3. La mesure de l'impact

Afin de transformer l’essai, les entreprises se doivent d’assurer une gouvernance assidue aux programmes de Reverse Mentoring.

Parce que notre action cible avant tout une transformation profonde de l’entreprise, nous portons une attention toute particulière au suivi des programmes de Reverse Mentoring. Il est primordial d’en favoriser au maximum les retombées positives pour promouvoir la transition numérique, booster le leadership des jeunes recrues et autonomiser l’entreprise dans sa formation aux nouvelles technologies. Pour ce faire, il s’agit de fixer en amont les bons indicateurs clés de succès et de quantifier les résultats, à l’aide de questionnaires de satisfaction par exemple, pour pouvoir atteindre et convaincre le reste de l’entreprise.

Gardons à l’esprit que la génération Z est en phase de dépasser en nombre d’ici 2020 les autres groupes générationnels (3). Il y a urgence à former l’esprit d’initiative et les capacités de management de ces leaders de demain alors que 87% des dirigeants C-level considèrent que ceux-ci manquent encore de compétences adaptées au monde du travail (4).

Au-delà de l’opportunité pour les dirigeants de se former aux nouvelles tendances, le Reverse Mentoring est une véritable cure de jouvence pour la culture managériale de l’entreprise.

___

(1) https://isl.co/2014/01/3-million-teens-leave-facebook-in-3-years-the-2014-facebook-demographic-report/

(2) https://business.lesechos.fr/directions-numeriques/digital/transformation-digitale/021378404925-echec-et-reussite-du-mentoring-inverse-203490.php

(3) http://www.nytimes.com/2015/01/20/science/millennials-set-to-outnumber-baby-boomers.html

(4) https://news.northeastern.edu/2014/04/survey-innovation-higher-education/

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