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Design Strategy
22.11.2016
Perturbation continuum temporel
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Révolution dans l'immobilier : concevoir le logement au-delà des murs
Révolution dans l'immobilier : concevoir le logement au-delà des murs
Caroline Pandraud
Note : Ce contenu a été créé avant que Fabernovel ne fasse partie du groupe EY, le 5 juillet 2022.

C'est en accompagnant depuis 13 ans les acteurs de l’immobilier et en décryptant les nouvelles tendances et nouveaux usages à l'oeuvre dans ce secteur, que nous sommes régulièrement amenés à concevoir et créer de nouveaux services. À l'instar de Bureaux à Partager, une plateforme pour la mise à disposition d'espaces excédentaires des bureaux, ou très récemment OneThird, qui conçoit et gère des résidences urbaines collectives, locatives et meublées basées sur les ressorts du co-living et adaptées aux besoins des citadins seuls ou en couple.

Avec une approche toujours centrée sur l'utilisateur et son expérience, nous accompagnons sur ces problématiques de nombreux clients, en 2015 Nexity, dans la conception de ses premiers logements connectés, ou encore Alstria avec la création d'un premier espace de coworking à la demande.

Ce qu'on observe aujourd'hui, c'est un secteur de l'immobilier en pleine transformation. Une transformation accélérée par la révolution numérique, qui a fait éclore des usages inédits du logement, et qui a également ouvert la voie à de nouveaux acteurs non traditionnels.

Aujourd'hui, notre métier est de faire le lien entre ces acteurs et d'utiliser ces innovations digitales pour répondre de mieux en mieux aux nouveaux usages qui sont faits du logement, et concevoir ainsi de nouvelles façons de travailler et de construire ensemble la ville.

Certifié HQE : Haute Qualité d'Expérience

Et si dans les années à venir, on passait totalement d'un modèle de propriété à un modèle d'accès, "on-demand" ? D'immuable, on attend désormais du logement qu'il soit flexible et sensible à l’usage de ses occupants. À l'instar de WeWork, le spécialiste américain du partage de bureaux qui ne loue pas seulement une capacité à travailler, mais «_ un superbe bureau, une super connectivité, du café à volonté et une communauté de talents pour vous entourer » _, on attend du logement toute une gamme de services pour une expérience utilisateur enrichie, une nouvelle certification HQE : Haute Qualité d'Expérience.

Au balcon, à l'exposition sud et aux moulures, s'ajouteront à la recherche des urbains migrateurs de nouveaux critères :

- plus connecté, le logement doit être plus intelligent et confortable pour ses habitants ;

- plus serviciel, il propose une expérience complète de vie ;

- multi-usages, il peut à l’occasion héberger des usages individuels ; collectifs, communautaires, voire professionnels ;

- modulaire, il s’adapte aux besoins et usages de ses utilisateurs ;

- flexible, il se partage et s’échange.

Immeuble : du latin immobilis, qui ne peut être déplacé

L'habitat, s'affranchissant de sa condition se veut de plus en plus "mobile" et de nombreuses initiatives oeuvrent en ce sens.

Le premier modèle que l'on observe, plutôt contemporain, est celui lié à l’économie collaborative. Ces plateformes qui vous permettent d’aller vivre chez les autres, comme Airbnb, misent sur le sentiment d'être véritablement chez soi, grâce à l'hospitalité mais aussi de plus en plus à l'uniformisation des logements comme l'annonce The Verge.

On glisse en effet progressivement vers un autre modèle, celui d’habitats standardisés, mais facilement personnalisables, notamment pour les populations mobiles dont les vies professionnelles les amènent à changer souvent d’endroit. Ces nomades possèdent alors un compte client valable partout. Ils retrouvent d’un appartement à l’autre les mêmes standards d’expériences et les mêmes services. Avec son ameublement, son service de conciergerie et son espace de coworking, le Zoku Loft ouvert en juin 2016 à Amsterdam illustre parfaitement cette tendance, et il entend s'exporter dans 50 villes d'ici 2026.

Enfin, le dernier, très prospectif, a été imaginé dans la Silicon Valley : Kasita est un immeuble constitué de neuf capsules identiques, chaque capsule étant un appartement que l’occupant peut transférer à son gré de ville en ville. Cet appartement mobile n'est pas sans rappeler un classique du métabolisme japonais la Nakagin Capsule Tower érigée en 1972 à Tokyo.

Home not alone : les jeunes, point d’appui des nouveaux usages du logement

Les jeunes générations privilégient la manière de vivre la ville à la propriété, ce qui redéfinit complètement les propositions urbaines.

Qui emménagera en premier dans ces logements ? Parions sur la jeunesse ! L’essor de modes d’habitation alternatifs et novateurs, tels que le co-living ou la location éphémère est amplement emmené par les jeunes générations. Des populations habituées aux nouvelles technologies, sensibles aux modes de consommation collaboratives. Des générations d’étudiants et de jeunes actifs de plus en plus mobiles géographiquement et professionnellement, à qui ces modes d’habitation modulaires, simplifiés, favorisant l’usage à la possession semblent s’adapter à leur mode de vie. Des logements qui promettent de plus de vivre des expériences singulières et communautaires, en opposition aux modes d’habitations traditionnels (location longue durée, accession à la propriété) qui deviendrait « plan-plan », coûteux et rigides.

Une startup dans la ville

De nouveaux acteurs s’immiscent dans l'aménagement de la ville. En premier lieu les champions du numérique, les GAFA, avides de fournir de nouvelles infrastructures dédiées à la collecte et au traitement de la donnée.

Les startups, fortes de leur culture de penser les nouveaux usages et modèles - avant même de penser au marché ou au retour sur l'investissement - sont souvent celles qui conçoivent les nouveaux services.

Parmi elles, certaines se spécialisent dans la (re)distribution, en redécoupant les bâtiments, les logements, les ressources en petite capacité, en petite unité. On pense à WeWork pour le bureau, à Airbnb pour le logement mais aussi à Blabacar, Koolicar pour la voiture : en somme l’ensemble des acteurs qui mettent en "plateforme" la ville.

Le logement doit s'APIfier et devenir "responsive"

Seulement ces différents acteurs possèdent une culture de travail, des temporalités, des modes de financement très divers, qui nécessitent de nouvelles façons de procéder et de travailler pour allier ces deux mondes. C'est ce que nous avons pu observer lors de projets immobilier où FABERNOVEL a justement été appelé pour identifier et concilier les partenaires. Ce fut le cas lors de l'appel à projet Reinventer.Paris et le projet “In Vivo”, un ouvrage qui souhaite réinventer les services qu’on trouve d’ordinaire dans un complexe immobilier, en ajoutant aux espaces privés et parties communes des tiers-lieux, espaces ouverts aux habitants du quartier.

Le défi pour l'industrie de l'Immobilier ? S'intégrer dans l'après, avoir un projet de construction en phase avec son temps - c'est à dire une décennie plus tard ! - . Des projets de constructions "responsive", qui sauront s’adapter à l’évolution parfois rapide des usages dans le temps. Des infrastructures "APIfiable" avec une potentialité de branchement de nouveaux et multiples acteurs.

Le rôle du promoteur sera de se positionner en tant qu'agrégateur de ces nouveaux services, et en maintenir la qualité.

On recommande à nos clients, qui sont souvent des promoteurs, de se placer comme agrégateurs de ces nouveaux services, sans forcément les créer eux-mêmes. Cela veut dire d’être en capacité de maintenir une qualité de service, d’être là après la livraison pour comprendre si ce qui a été mis en place sert bien les usages, de créer parfois une organisation à dessein.

Retrouvez en suivant le lien la synthèse des échanges de Recomposer l'aménagement de la métropole par GrandParisMetropole

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