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Les 5 erreurs à éviter dans vos projets d'intrapreneuriat
Les 5 erreurs à éviter dans vos projets d'intrapreneuriat
Marine Odiot
Note : Ce contenu a été créé avant que Fabernovel ne fasse partie du groupe EY, le 5 juillet 2022.

Portée par les “pure players”, la révolution numérique ne revêt pas qu’une dimension technique et économique : elle est également le reflet de nouvelles formes de travail et d’organisation. Agilité, rapidité, collaboration, autant de caractéristiques qui permettent à ces jeunes pousses d’innover plus rapidement que les grandes organisations.

Ces dernières font face à un véritable enjeu d’attractivité : en 2016, seulement 35% des jeunes diplômés se projetaient dans un grand groupe et 36% d’entre eux aspiraient à créer leur propre entreprise (1). Les millennials, ces jeunes issus de la génération 1980-2000, recherchent des entreprises qui répondront à leurs besoins de création, de responsabilité, d'autonomie, de sens.

Pourtant les grands groupes présentent de nombreux atouts pour quiconque souhaiterait développer un projet à fort impact : des infrastructures solides, des ressources financières et humaines, des partenaires, une base client étendue, etc.

Afin de rester leader sur leur marché, les grandes organisations se doivent donc d’acquérir de nouvelles méthodes de travail et d’organisation qui leur permettront d’attirer ces profils et ainsi d’innover mieux et plus vite.

Parmi ces méthodes, l’intrapreneuriat présente un fort intérêt : promouvoir l’entrepreneuriat au sein de son entreprise en permettant au porteur de projet de bénéficier de l’ensemble des leviers dont dispose celle-ci. Si ce concept n’est pas nouveau (plus de quarante ans qu’il existe), l’intrapreneuriat s’inscrit parfaitement dans le contexte actuel décrit ci-dessus.

Concrètement, l’intrapreneuriat permet à un salarié de porter de bout à bout un projet innovant au sein de son entreprise tout en gardant son statut (emploi et salaire) et sans prendre de risques financiers en termes d’investissement. Du côté de l’entreprise, ce concept suppose d’accepter les risques inhérents à l’innovation et de changer radicalement de culture et d’organisation. Il s’agit de faire coexister le fonctionnement traditionnel du coeur de métier de l’entreprise avec les nouvelles méthodes de travail et d’organisation que suppose l’intrapreneuriat.

FABERNOVEL accompagne ses clients dans le déploiement de méthodes agiles et l’accélération de projet internes. En tirant les enseignements de nos différentes expériences, nous avons identifié de bonnes pratiques qui nous permettent, autant que possible, d’éviter les écueils courants de l’intrapreneuriat.

ERREUR #1 : TOUT MISER SUR LE RÉSULTAT

Ce qui est important, ce n’est pas la destination mais le voyage. La mise en place d’un programme d’intrapreneuriat au sein de son entreprise ne doit pas être conditionnée uniquement à la réussite des projets portés.

Initier la démarche de la mise en oeuvre d’un programme d’intrapreneuriat, c’est déjà faire acte d’un changement de culture. C’est s’approprier de nouvelles méthodes de travail et d’organisation permettant de créer un environnement propice à l’innovation : réduction des temps d’innovation, mixité des équipes, implication du top management, etc. Les enseignements sont tout aussi importants que les résultats. L’entreprise doit accepter dès le début que peu de projets finis ressortiront d’un programme d’intrapreneuriat, de même que peu de projets d’entreprises réussissent chez les entrepreneurs !

ERREUR #2 : SURPROMETTRE

La pire erreur que pourrait faire une entreprise autour de la communication de son programme d’intrapreneuriat serait de survendre les retombées. L’entreprise doit être la plus transparente possible quant à ses intentions et une attention toute particulière doit être portée sur ce qui sera fait des projets à l’issue du programme.

En particulier, il est important d’identifier en amont les capacités d’engagement de l’entreprise à l’égard des projets portés par les intrapreneurs : ressources financières allouées, temps que les porteurs de projets devront y passer, et engagement des bons sponsors internes.

Si l’implémentation d’un tel programme est avant tout inspirationnel, l’entreprise devra communiquer à ce sujet. Il sera plus intéressant de créer une bonne surprise plutôt que de la frustration.

ERREUR #3 : RÉALISER UN ONE SHOT

L’appropriation des nouvelles méthodes de travail et leur efficacité ne se démontreront que dans la durée. Ce n’est qu’après avoir expérimenté plusieurs projets, engagé plusieurs collaborateurs, que les bénéfices d’un programme d’intrapreneuriat peuvent se ressentir. L’innovation est difficile et demande plusieurs essais.

Impulser est une première étape, mais le véritable enjeu d’un tel programme est de persévérer et de marquer le rythme. L’entreprise doit envisager son programme sur le long terme et consacrer les ressources financières et humaines nécessaires à l’animation afin de créer un réel engagement de la part des collaborateurs.

Au contraire, dans un contexte média où “intrapreneuriat” est devenu un buzzword, réaliser un one shot serait vu comme un coup de communication et la démarche d’innovation jugée superficielle.

ERREUR #4 : RÉSERVER L’INNOVATION À QUELQUES UNS

L’innovation est l’affaire de tous, ce qui suppose que l’innovation : (i) ne doit pas être réservée au top management et (ii) doit être portée par autant de collaborateurs que possible.

Ouvrir l’innovation à tous, qu’est-ce que cela signifie ?

C’est tout d’abord briser les silos internes de l’entreprise. L’intrapreneuriat repose sur le principe du collaboratif : regrouper au sein d’une même équipe des collaborateurs issus de départements différents (IT, Marketing, Design, Juridique, etc.) et qui vont travailler ensemble en mode projet.

C’est ensuite créer un langage commun de l’innovation au sein de l’entreprise autour des méthodes agiles. Pour que les projets d’intrapreneuriat fonctionnent, il faut que toutes les parties prenantes (du chef de projet, au département juridique, de même qu’aux achats ou au contrôle de gestion) comprennent ce qu’est l’UX, un MVP, un pivot, l’AB testing, etc.

ERREUR #5 : S'ARRÊTER APRÈS UN ÉCHEC

De manière générale, la tentation est grande de s’arrêter après un échec. L’humain est par nature réfractaire à l’échec. Ceci est d’autant plus vrai pour les grandes entreprises qui ont tendance à porter plus d’attention à un retour sur investissement rapide et donc bannir l’échec. Le résultat est alors de limiter les prises d’initiative de la part des collaborateurs et de les priver de l’apprentissage qui résulte de cet échec.

En effet, l’échec est source d’enseignements et doit être recherché. Il permet à une entreprise de se confronter au feedback de ses clients/utilisateurs. Plus encore, le partage de l’échec entre les collaborateurs doit être encouragé afin que chacun puisse tirer des leçons des erreurs des autres.

L’intérêt de l’intrapreneuriat est qu’il repose sur des notions de Minimum Viable Product et de Test & Learn. Autrement dit, ce concept permet de porter rapidement et à moindre coûts des projets et de les tester auprès des utilisateurs. Le coût de l’échec de ces projets est alors moins important que le celui d’un projet qui aurait impliqué du temps et de l’argent. Mieux vaut dix petits échecs qu'un seul gros.

(1) Selon l’étude menée par l’Edhec NewGen Talent Centre en juin 2016.

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