Communiqué
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15.4.2020
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Internet va-t-il résister au confinement ?
Internet va-t-il résister au confinement ?
Hugo Hache
Note : Ce contenu a été créé avant que Fabernovel ne fasse partie du groupe EY, le 5 juillet 2022.

3 échelles pour identifier les infrastructures qui supportent Internet

Les infrastructures qui supportent Internet peuvent se regrouper à 3 échelles :

  • locale : les lignes qui partent de la box internet d’un utilisateur jusqu’au routeur du quartier ou bien l’antenne 4G à laquelle son smartphone se connecte ;
  • nationale : les liaisons d’un opérateur entre les différentes villes qu’il dessert ;
  • internationale : les liaisons entre opérateurs et avec les fournisseurs de contenus comme Netflix ou Akamai.

Ces niveaux sont affectés différemment par le confinement.

Localement c’est la provenance du trafic qui pose soucis. Les équipements sont en effet dimensionnés sur la base de la population qui les partage. Pour les box, le confinement ne change pas tellement la donne mais pour les antennes réseaux c’est plus problématique. L’exode parisien entraîne par exemple une sous-utilisation des antennes des quartiers habituellement bondés de la capitale, tandis que certaines en zone rurale se retrouvent aujourd’hui en difficulté face à l’affluence inhabituelle.

Pour éviter de se retrouver dans les bouchons du net, il faut autant que possible préférer l’usage du wifi de la box plutôt que la 4G de son téléphone.

Les infrastructures d’Internet peuvent encaisser des hausses jusqu’à 40% du trafic usuel

Au niveau national et international, ce sont moins les mouvements de population que la hausse globale (et de ses pics) qui peuvent impacter Internet.

Si nous avons très peu de chiffres au niveau national, les internet exchange (ou aussi appelés les IX) où s’effectuent les liaisons internationales sont en revanche bien plus transparents. On observe par exemple dans un IX de Marseille une hausse du trafic global qui varie entre 10 et 20%.

Doit-on s’en inquiéter ? Non, le squelette d’internet est en effet équipé pour fonctionner lors de pics extrêmes de trafic, comme la finale de la Coupe du monde de football où le nombre de streaming simultanés pulvérise des records. Cette discipline se nomme le capacity planning, et en moyenne les opérateurs dimensionnent leur infrastructure informatique pour encaisser des hausses de 40% du trafic usuel. La hausse moyenne de 10-20% est donc largement soutenable, de même que ses pics en soirée qui ne rivalisent pas avec la seconde étoile des Bleus.

Mais alors pourquoi certains sites internet se retrouvent saturés ? Le blocage se situe en fait au niveau du service en lui-même qui face à sa popularité soudaine, n’arrive pas à tenir la charge. Pas dans les “tuyaux” d’internet qui vous connectent à ce service. Pour résoudre ce problème les acteurs en difficulté peuvent décider d’allouer plus de capacité informatique en jouant sur le nombre de serveurs, de bases de donnée ou de bande passante à leur site (sous réserve qu’ils fonctionnent sur une architecture qui le permette). Les entreprises qui ont fait le choix du cloud et des architectures extensibles récoltent aujourd’hui les fruits de leur travail et peuvent plus facilement aujourd’hui s’adapter à la crise.

On peut finalement se demander pourquoi les gouvernements ont demandé aux géants du streaming comme Netflix ou Youtube de brider la qualité de leurs vidéos.

Si d’un point de vue technique la marge semble suffisante, les politiques ont pu faire preuve de zèle pour d’un côté limiter tout risque d’un engorgement d’internet, aussi minime soit-il, et de l’autre rassurer une population dans l’attente d’un signe en ce sens.

On notera au passage que s’ils peuvent passer pour les victimes de cette mesure, les acteurs du streaming y trouvent plutôt leur intérêt. Une part importante de leur coût découle de l’injection de données sur le réseau. Dans cette période où leurs abonnés existants consomment notablement plus de contenus, tout en payant le même abonnement du mois, ils voient logiquement leur marge par utilisateur fondre considérablement. Réduire le volume de données émis, en limitant la qualité, leur permet donc de protéger leur marge.

Enfin on en a assez peu parlé en évoquant ce sujet, mais limiter la qualité des vidéos, c’est aussi, pour un service très proche, limiter l’impact de l’usage le plus énergivore de l’internet, un nouveau raisonnable déjà engagé post COVID-19 ?

A propos d'Hugo Hache, Directeur Technique Mobile chez Fabernovel

Hugo rejoint l'équipe mobile de Fabernovel en 2012. D'abord développeur iOS, où il participe au développement des applications myCANAL ou RATP, il prend ensuite la responsabilité du pôle back end et développe une offre chatbot et front web. En 2018, il met à profit la complémentarité de ses expériences pour devenir Chief Mobile Technology Officer chez Fabernovel.

Hugo est diplômé en informatique de Cornell University et ingénieur civil des Mines de Saint-Étienne.

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